Sky&Navy a écrit : ↑04 mars 2024 21:32
La police des datas, c'est simplement l'idée (ou le diktat) de penser que les datas seraient les arguments irréfutables à tout dans le foot.
Pour faire de l'humour, Macron a été élu deux fois à la majorité absolue, est ce que ça fait de lui quelqu'un apprécié par une majorité de français ? Et pourtant, la data est en sa faveur.
Un excellent exemple, l'élection présidentielle ! Puisqu'une analyse de l'ensemble des données (incluant aussi les intentions de vote pré-scrutin, tendances politiques générales de votants, résultats du premier tour) permet d'affiner la vision du résultat, et de comprendre la contradiction que tu soulignes. Les données, c'est un ensemble, et c'est surtout un outil complémentaire de l'observation. On entend souvent qu'on peut faire dire ce qu'on veut aux stats, ce n'est vrai qu'avec une analyse partielle, que ton exemple démontre bien.
Ce que montre l'ensemble des données, d'abord avec la mise à l'écart et le départ d'Alioui, puis depuis la suspension de Kuziaev, par exemple, c'est qu'on passe moins de temps dans le dernier tiers adverse que quand ils étaient là : le nombre de passes avant nos tirs diminue, on joue plus long, on centre beaucoup, notre possession s'effectue plus bas sur le terrain. Si j'ajoute ça à mon observation d'instinct ("j'ai l'impression qu'on précipite nos actions"), il me semble que ça confirme l'idée qu'il manque un joueur qui soit moins dans les courses, davantage dans le relai et la maîtrise du tempo, dans notre tiers offensif. L'absence de propositions de Bayo n'aide pas, bien sûr - mais on a tout de même suffisamment de mal à lui donner des balles de tir pour ne pas tout lui mettre sur le dos.
Sky&Navy a écrit : ↑04 mars 2024 21:32
Par contre, comment comparer le changement de positionnement d'Ayew dans notre club doyen actuel 15 ème de Ligue 1 VS le positionnement de Stones à City ou Alexander Arnold à Liverpool?
Oui Stones joue parfois au positionnement d'un 10 avec City, mais City est un rouleau compresseur qui joue quasiment exclusivement dans le camp adverse.
Tous les joueurs de City évoluent 10 ou 15 mètres plus haut que le positionnement classique de leur poste en phase arrêtée.
Je pense qu'on n'a pas la même lecture du jeu, simplement. Tu parles de phase arrêtée, pour moi il existe deux phases en football : la perte du ballon et la récupération du ballon. Tu parles beaucoup de système et de profil de joueurs, je préfère réfléchir en termes d'animation et de dépassement de fonction, puisqu'il me semble que c'est le point commun entre le City de Guardiola et le HAC de Elsner : par la répétition de mouvements asymétriques, créer des triangles et des décalages offensifs, des surnombres et de la compensation défensifs.
Stones ne joue pas axial-meneur parce que City déroule, City déroule parce que Stones joue axial-meneur, que Rodri descend compenser, qu'Alvarez dézone pour laisser l'espace à Foden, etc. C'est cette symphonie de mouvements qui crée la supériorité collective, magnifiant la qualité individuelle (déjà extraordinaire) des joueurs. Manu Utd, Chelsea, ou le PSG, démontrent bien depuis quelques années qu'il ne suffit pas d'empiler des bons joueurs pour faire une bonne équipe : encore faut-il les faire jouer ensemble.
D'une façon similaire, mais avec un matériau évidemment moins qualitatif, cela fait dix-huit mois qu'Elsner invente des mouvements, des animations, plutôt que des systèmes rigides, dans l'optique de minimiser les défauts du groupe (Opéri n'est pas très bon au marquage, Lloris n'est pas très mobile, Desmas n'est pas très bon relanceur et ne sort pas dans les airs, Kechta manque d'impact physique) et d'optimiser ses qualités (Opéri est excellent au centre, Lloris au tacle, Desmas sur sa ligne, Sanganté à la relance, Kechta au pressing progressif). Ca passe notamment par le système asymétrique (latéral axial à droite, Lloris qui se décale à gauche), par le positionnement toujours hybride de Casimir ou Négo, ou par cette idée, donc, de caler Ayew dans la zone de Kuziaev, parce que c'est la zone où on manquait de relais.
C'est ce qui nous permet, avec un groupe composé de joueurs revanchards qui vivent la meilleure période sportive de leur carrière (Opéri, Lloris, Desmas) et de jeunes qui découvrent la ligue 1 (Casimir, Sanganté, Youte, Kechta) d'avoir été champion l'an dernier et d'exister cette année, malgré un groupe qui, sur le papier, relève davantage de la ligue 2 que de la ligue 1... Je comprends ce que tu dis sur les intentions à Lille, sur la frustration de ne pas "tenir" un plan de jeu suffisamment longtemps, mais il faut réaliser à quel point on évolue au-dessus de nos capacités, avec Lloris en symbole : 28 ans, 28 matches de ligue 1 au compteur, jamais jugé suffisamment solide pour être n°1 à Nice ou Auxerre, mais tellement fiable et bien utilisé dans le système Elsner.